Le PS et son gouvernement ont déjà tiré la leçon des élections régionales. Si le PS sauve quelques régions, ce sera pour lui l’occasion de dire que les électeurs lui maintiennent leur confiance. C’est ce qu’a déjà annoncé Julien Dray, l’un des principaux portes paroles de la campagne de Claude Bartelone en Île-de-France. Du coup, leur plan de travail pour janvier est prêt. L’un après l’autre et dans l’ambiance d’anesthésie médiatique qui entoure les questions sociales dans notre pays, les ministres de Valls ont présenté les « pistes » ou « orientations » de ce qu’ils prévoient de faire l’an prochain. Et le PS, ses pompes, ses œuvres, et même ses frondeurs regardent ailleurs. Évidemment, la présentation officielle et détaillée des projets de loi et leur examen par le Parlement sont opportunément repoussés à… janvier. Juste après les élections. Une fois encore, sous couleurs de modernité, flexibilité, réforme et ainsi de suite, c’est une agression contre la vie quotidienne des gens ordinaires.
Les « orientations » annoncées en la matière ne laissent aucun doute : les droits des salariés sont lourdement visés. Le gouvernement pense qu’en précarisant davantage les gens et en offrant davantage de liberté à la finance dans notre économie, la moindre reprise de l’activité de l’économie dans son ensemble ou des individus en particulier, même pour quelques heures de travail par mois, pourront être vus comme une baisse du chômage. La panique se lit dans la violence du choc qui est organisé. C’est feu roulant. D’un côté, la ministre du travail Myriam El Khomri va s’attaquer au code du travail. De l’autre, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, va poursuivre son travail de sape contre toutes les protections des travailleurs et des consommateurs qui entravent la grand fluidité dont ces gens là font le parangon de toutes les merveilles. Sarkozy l’avait rêvé, Hollande le fait.
La loi Macron 2 s’appellera donc loi pour les « nouvelles opportunités économiques ». Bravo au communicant qui a trouvé ce nouvel engin de farce et attrape. Elle est déjà rebaptisé « Loi Noé ». C’est mignon non ? Regardez-vous dans le miroir que vous tend Macron. Vous êtes les animaux dignes de survivre qu’il va sauver de la noyade. En fait, le déluge qui vient, c’est plutôt celui des sales coups qui se préparent. Une déconstruction méthodique des protections des salariés et des consommateurs au profit d’une marchandisation de tout et de tous sans cesse plus étendue. Macron organise une nouvelle étape dans la conversion de la société française à devenir une « société de marché » où chacun devient en quelque sorte « entrepreneur » de sa propre vie, vendant sa capacité de travail à la tâche et au plus offrant.
Il veut ainsi développer le statut d’auto-entrepreneur. On connaît. C’est généraliser l’auto-esclavage. Finies les protections dues aux salariés, retour au travail à la pièce et à l’individualisation totale des rapports sociaux de production ! L’enfant chéri du MEDEF veut étendre cette logique à toutes sortes d’activités. Il propose ainsi de créer un statut de « professionnel de proximité » pour « donner sa force de travail au quotidien » sans diplôme, à moindre coûts. N’importe qui pourrait s’inventer plombier, jardinier ou que sais-je encore ! Mais est-ce économiquement réaliste, à défaut d’être social ? En fait, l’ignorance et le mépris de classe de Macron saute aux yeux. Son projet sent le coup de menton du grand bourgeois qui s’imagine que les « petites gens » font des métiers « manuels » où ils n’ont pas besoin d’un cerveau ! Macron prétend ainsi supprimer l’exigence de diplôme pour certains métiers. Son approche est consternante de bêtise, de mépris et de préjugé de classe.
« Celui qui répare un moteur de voiture, pérore le petit marquis, on comprend qu’il doive être qualifié, mais celui qui lave les voitures ? Celui qui perce des murs porteurs contre celui qui repeint les volets ; celui qui utilise des produits toxiques de coloration des cheveux contre celui qui tresse des nattes… ». Stupide, tais-toi ! Avec lui, vous pourrez travailler dans le bâtiment sans avoir eu aucun diplôme de maçon, charpentier, chauffagiste ou autre. De même, vous pourrez ouvrir un salon de coiffure sans diplôme de coiffeur ! Gare aux arnaques et aux malfaçons ! Macron méprise ainsi les qualifications professionnelles des travailleurs de ces secteurs. Comme si ce ne sont pas des métiers qui s’apprennent ! Et comme si ce n’étaient pas souvent les mêmes personnes qui accomplissaient plusieurs tâches différentes dans une même activité. Cela s’appelle même un métier. Macron méconnaît ainsi complètement ce que sont les artisans, qu’ils soient salariés, indépendants ou chefs d’entreprises. Le pire est certain : il ne sait absolument pas de quoi il parle. Il n’y connaît strictement rien. Mais c’est lui qui décide sur la base d’une vision dont même le patronat des métiers qualifiés ne peut vouloir.
Supprimer les qualifications professionnelles est une régression immense. Pour la qualité des biens et services produits. Au moins que l’on comprenne ça ! Le reste ne concerne que les gens qui ont du respect pour le travail des autres. Je le mentionne car il s’agit de la dignité des salariés ! Mais aussi de la fixation du revenu de tous les travailleurs. La qualification professionnelle sert aujourd’hui de référence pour fixer le salaire d’un employé. Sans qualification, la paye baissera. Quant aux salaires des travailleurs qualifiés, ils baisseront aussi sous cette concurrence déloyale. Ces secteurs seront soumis à une concurrence accrue de travailleurs auto-entrepreneurs ou « de proximité » ou « sans qualification » exonérés de toutes une série de règles et cotisations sociales qui s’appliquent pour les autres salariés ou les autres entreprises. Dégâts sociaux garantis ! Et dégâts économiques à la clef. C’est déjà l’option préférentielle pour les salaires et qualification de bas niveau qui a fait préférer au patronat français l’immigration massive dans les années 70 plutôt que l’automatisation ou la formation professionnelle.
Macron raisonne court et creux. Pourquoi ? Parce qu’il croit réellement que tout se ramène à la finance pour qui tous les coûts de productions doivent être externalisés ou réduits par tous les moyens, y compris les moyens de violence. Parmi les mesures annoncées, je n’en évoque que deux. Elles signent la collusion du banquier Macron avec la face la plus sombre de l’oligarchie. Il propose ainsi de créer des « fonds de pensions à la française » ! Officiellement, il dit vouloir orienter l’épargne des Français vers « l’activité réelle ». Noble objectif. Mais pourquoi ne commence-t-il pas par modifier la réglementation de l’assurance-vie ? Aujourd’hui, un euro sur deux placés sur les comptes d’assurance-vie part à l’étranger ! Et pourquoi Macron ne relève-t-il pas le taux du livret A pour orienter l’épargne des petites gens vers le financement de la construction de logement social ? Voilà une manière plus efficace de relancer le secteur du bâtiment que la dérégulation générale ! Pourquoi ne donne-t-il pas une licence bancaire à la Banque publique d’investissement créée par Hollande ? Elle pourrait ainsi aller demander de l’argent auprès de la Banque centrale européenne pour financer les entreprises. Pourquoi le ministre Macron n’exige-t-il pas de l’entreprise publique EDF qu’elle investisse pour développer l’entreprise Nexcis et ses panneaux photovoltaïques innovants ?
Après tant d’autres, sans imagination, Macron veut essayer d’offrir le pactole des cotisations retraites à la finance. Car c’est cela, les « fonds de pensions ». Ils ne s’appellent pas comme cela par hasard. Ce sont bien des fonds chargés de gérer l’argent destiné à payer les pensions de retraite. Macron sait parfaitement que l’allongement de la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein va priver des millions de travailleurs d’une pension digne. Il veut donc les pousser à épargner le peu qu’ils ont pour se payer eux-mêmes une retraite. En offrant ces sommes à la finance et en « adaptant notre cadre fiscal ». Il emballe ainsi un vol organisé dans un discours sur la nécessité de financer l’économie réelle. L’hypocrisie est un art que Macron maîtrise parfaitement. Il a été à bonne école à la banque Rothschild et auprès de François Hollande.
La loi Macron 2 est aussi un danger pour la santé publique. Le ministre veut en effet réduire les délais de contrôle des médicaments par les autorités sanitaires avant leur autorisation de mise sur le marché. Or, tous les médecins et chercheurs savent qu’une procédure d’évaluation poussée est nécessaire. Notamment parce que certains effets secondaires ne se déclarent qu’au bout d’un certain temps. Les médicaments efficaces et bien conçus ne craignent pas des procédures longues. Qui craint ces procédures et demandent leur allègement ? Les adeptes des conflits d’intérêts entre grands groupes pharmaceutiques privés et autorités sanitaires qui veulent pouvoir commercialiser au plus vite des médicaments qu’ils soient ou non inutiles voire nuisibles. Pour faire de l’argent, comme d’habitude. Ou, pour le dire autrement : les financiers et les charlatans qui font commerce de poison.
Mais au fait, le poison Macron, qui prétend être le médicament de la société moderne, qui l’a autorisé avant de le mettre en circulation ?