Ce matin, j’ai écouté les matinales de Manuel Bompard et Éric Coquerel. Les deux étaient impeccables dans le style de la démonstration argumentée. Le journaliste Sotto sur RTL a rendu en partie pénible l’écoute de l’émission par son style aboyeur, coupant la parole quasi-continuellement à Manuel Bompard. Gindre sur TF1 a paru plus respectueux de l’auditeur et de l’invité en laissant, avant interruption, un temps de réponse de l’invité supérieur à celui de la question. Les deux députés n’étaient pas dans le même rôle. Bompard, numéro un du mouvement insoumis parlant pour le Mouvement, Coquerel intervenant comme président de la commission des Finances et comme membre de l’opposition (insoumis). Les deux journalistes, bien sûr, restaient fermement intéressés par un unique objectif : pouvoir annoncer sur leur plateau la mort du NFP, dont ont besoin Macron et ses gouvernements pour survivre. Ils traitent l’invité comme un toréro, l’animal qu’il soumet à la torture : banderilles de mots incendiaires suggérés, piques de double négation à la pelle, ricanements virilistes à la muleta au premier retour de balles. On connaît. Peine perdue ce matin encore. Nos deux amis, Manuel puis Éric, ont su ramener l’entrevue à des données de raison et à une analyse argumentée de la situation. L’un et l’autre ont rappelé l’essentiel : quoi qu’il en soit, la censure sera votée par une majorité de députés du NFP. Une majorité. Ce qui veut dire par des insoumis, des communistes et apparentés, des écologistes et certains socialistes. Autrement dit, le contraire du récit officiel crypto-macroniste. Ce n’est pas « LFI l’isolée » mais « la gauche » pro-gouvernementale ultra-minoritaire explosée, sous la seule responsabilité de ceux qui choisissent la « non-censure ». Pas un des deux journalistes n’a rebondi sur ce constat. Ça ne correspondait pas à la commande. C’est pourtant le fait qui compte. Le renfort à la durée de Bayrou pour quinze jours de plus ne sera pas majoritaire à gauche. Et Bompard a été bien précis, comme c’est son rôle : ceux qui ne votent pas la censure auront « rompu l’alliance ». Ils sortent du champ de l’opposition et passent dans celui du « soutien sans participation » à Bayrou. Ce point ne dépendant que de nous, Insoumis, il n’est pas négociable. Cela signifie que le NFP continue sans eux.
Je serai à l’Assemblée au moment où ces lignes seront publiées. Il se trouve que je participe à une audition prévue de longue date de lycéens professionnels. Je pourrai donc ensuite écouter depuis un bureau de l’Assemblée le discours de François Bayrou avant la réunion du groupe Insoumis à laquelle je suis invité. Pour la censure dans deux jours, je suis confiant. Les députés du groupe GDR (communistes et outre-mer) ne sont guère disposés à laisser passer le budget Barnier aggravé qui méprise les intérêts populaires et refuse de mettre à contribution les très riches. J’ai lu la brève de presse où Marine Tondelier se demande « comment se réjouir dans les matinales de ne pas censurer un gouvernement qui marque un tel recul sur le budget de l’écologie » ? Quant aux insoumis, on connaît notre argument central : un gouvernement qui ne pose pas la question de confiance est juste un coup de force à la suite d’un autre coup de force : celui où le président de la République a nié le résultat du vote des législatives. Nous serons fidèles à la parole donnée à nos électeurs. Au total, je suis confiant. La comédie de la « négociation » avec Bayrou, est vouée à l’échec et c’est tant mieux, car c’était bien une « farce » selon le terme du très hollandiste député PS Brun.
La confusion créée par ces palabres et le feuilleton de la soi-disant négociation est évidemment à l’avantage de Macron. Si le RN décide de lui apporter son soutien en ne votant pas la censure, Macron marquera un point au total.
Mais, quinze jours plus tard, arrivera le vote du budget de l’État et de nouveau le 49.3. Et donc la censure Insoumise. Laisser passer le budget vaudra évidemment ralliement à Macron et son gouvernement. Je suis confiant : aucun député NFP ne laissera cela arriver, quel que soit son parti. Et c’est cela qui compte.
PS : 1) le député Sébastien Delogu a reçu une menace de mort du comité « 732 » (« Charles Martel ») qui me cite également comme voué à la mort. Le courrier contenait une douille de balle.
PPS 2) La grossière escalade verbale anti-algérienne du ministre Bruno Retailleau et des autres ultra-droitiers du gouvernement a donné lieu à un communiqué du groupe parlementaire insoumis. Je tiens à m’y associer. Je reviendrai sur le sujet dans mon prochain moment politique jeudi en diffusion sur ma chaîne YouTube et sur ce blog ensuite, compte tenu de l’extrême importance de cette question pour l’unité de notre peuple.
NON À L’ESCALADE ENTRE LA FRANCE ET L’ALGÉRIE !
« Depuis quelques jours, plusieurs ministres ou dirigeants du camp présidentiel s’emploient à créer une escalade d’agressivité irresponsable contre l’Algérie. Tous les prétextes semblent bons. Certains dirigeants français jouent une absurde logique de revanche sur l’Algérie et utilisent un vocabulaire guerrier totalement inacceptable. Ce ton est insupportable pour des millions de Français intimement liés au bonheur commun de nos deux peuples.
Le différend entre la France et l’Algérie au sujet de l’expulsion de l’influenceur algérien Doualemn ne doit pas se régler autrement que par l’application du Droit. S’ils sont confirmés, ses propos appelant à la violence notamment contre un opposant au régime algérien sont inacceptables. Mais ils ne peuvent conduire à priver le mis en cause de ses droits. En toute circonstance, la France doit être respectueuse du droit des personnes.
Aucune situation particulière ne doit servir d’alibi à une volonté de détérioration supplémentaire des liens entre nos deux pays.
La manière dont Bruno Retailleau, qui s’est illustré depuis son entrée au gouvernement par ses attaques contre l’État de droit ou pour réhabiliter la colonisation, entretient l’escalade et tente de forcer la confrontation et est aussi abjecte qu’irresponsable.
L’accord franco-algérien de 1968, qui régit les conditions de circulation et d’installation entre nos deux pays et auquel s’en sont pris Éric Ciotti comme Gabriel Attal, a déjà été complètement vidé de sa substance depuis cette époque. Les attaques contre lui ne servent qu’à alimenter des fantasmes irresponsables et blessants pour nos deux peuples.
Avec l’Algérie, comme avec d’autres pays d’Afrique, le renoncement à toute posture de domination néocoloniale est la base de toute relation équilibrée, c’est-à-dire égalitaire et respectueuse de chacun.
Après avoir fait repousser la France de partout sur le continent africain, ce pouvoir veut-il opposer à présent notre propre peuple avec tous nos proches voisins et parents par des provocations qui l’affligent et dont il ne veut pas ?
Nous exprimons notre inquiétude et notre très vive opposition à cette escalade insupportable pour des millions de familles françaises qui vivent une relation directe d’affection et de fraternité respectueuse avec le peuple algérien. La guerre est finie depuis soixante-deux ans. Nos peuples peuvent-ils avoir enfin le droit à une relation normale, faite de respect mutuel et de relations apaisées ? »