Au départ, c’était une molécule destinée à déboucher les tuyauteries industrielles. Un dissolvant industriel. Puis c’est devenu le produit phare de la firme Monsanto qui avait racheté le brevet. Des milliards ont été gagnés de cette façon. Puis la molécule est tombée dans le domaine public et toutes sortes d’adjuvants ont été mis au point par toutes sortes d’entreprises pour commercialiser sous leur nom la molécule. 800 millions de tonnes de ce produit sont déversées chaque année. Il est présent dans cent pour cent des urines humaines et 53 % des cours d’eau. Pour ma part, je partage le combat des associations sur le thème depuis plusieurs années.
Je n’ai donc pas été surpris par ce que le journal « Le Monde », avec mérite, vient de faire connaître sur les conditions dans lesquelles sont établis les rapports d’évaluation en vue de l’autorisation. La firme Monsanto, aujourd’hui propriété du chimiste allemand Bayer, exerce un lobbying intense et bien connu. Ce qui est choquant ce n’est donc pas qu’il fasse ce travail d’influence parfois bien lourde. C’est que ça puisse encore marcher. Le vote du gouvernement allemand, hier en abstention et depuis aujourd’hui en vote pour, est donc extrêmement choquant. Ce vote menace a la fois la relation franco-allemande et les négociations entre Merkel et le PS allemand pour constituer un nouveau gouvernement commun. C’est dire si Monsanto et Bayer ont le bras long pour imposer leurs vues.
La crise politique ainsi aggravée en Allemagne est une première. C’est la première crise politique liée a un sujet écologique. Elle fonctionne comme un boomerang dont on n’a pas fini de constater le mécanisme désormais, à mesure que l’Europe s’affichera comme le bras armé des lobbies les plus dramatiques pour la santé publique et l’environnement. En annonçant par tweet qu’il souhaitait voir la France ne plus permettre le glyphosate sur son sol, Macron monte sur un tapis roulant qui le conduit à servir nos thèses. Il illustre en effet le principe de désobéissance à l’Europe et le thème du plan B « quand on ne peut pas convaincre les autres ». À la fin de l’engrenage il lui faudra interdire les produits glyphosatés importés pour ne pas voir les paysans français ruinés.
En un tweet, Macron a validé notre cohérence. Pas sûr qu’il avait pensé aux conséquences. Quelques voix se sont élevées pour le mettre en garde. Son ministre de l’agriculture qui s’était réjoui de la décision européenne a donné à l’Assemblée une version en baisse de l’oracle présidentiel. Macron dit qu’en toute hypothèse la France devra être sortie du glyphosate en trois ans. On va voir ça. Ce serait une très bonne chose. Mais les conséquences d’une telle décision n’ayant rien à voir avec le reste de sa politique, on s’attend a une pantalonnade comme celle de Nicolas Hulot avec le nucléaire. À noter la grande contribution du PS a la réflexion sur le sujet. Son-ex ministre de l’agriculture, Stephan Le Foll pérore : « moi, le glyphosate je n’en ai rien a faire ». Évidemment, comme tous les semeurs de leurre, le « vrai problème » est ailleurs. Détournez les yeux braves gens, ne regardez pas dans la bonne direction. Suivez le PS.