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Retour de Guyane

J’écris ces lignes dans l’avion du retour.

En Guyane pour l’élection législative partielle, « La France Insoumise » a fait le choix de soutenir la candidature de Davy Rimane. Nous avons donc été trois députés à nous rendre sur le terrain pour appuyer sa campagne : Younous Omarjee, eurodéputé insoumis, Danièle Obono et moi. Soutenir Davy Rimane  correspond à une analyse approfondie de ce qui se passe sur le territoire guyanais depuis l’insurrection du mouvement social en mars 2017. Seul candidat à le faire, j’avais lu à l’époque, devant le public au meeting de Rennes, la lettre des Guyanais insurgés. Mais dans la précipitation des investitures de juin 2017, nous n’avions pas su identifier à temps la candidature de Davy Rimane. Il s’agit d’un des principaux animateurs de la lutte de 2017. Syndicaliste de l’énergie, sa candidature se présentait donc dès juin comme le débouché politique du respect de « l’accord de Guyane ». Il s’agit là du document signé à l’issue du mouvement avec le gouvernement. Il a fédéré toutes les catégories sociales de la Guyane ainsi que les amérindiens. C’est la forme la plus achevée pour l’instant d’un processus de révolution citoyenne en France. Ses motivations continuent de travailler en profondeur la société guyanaise. Notre choix est qu’elle trouve avec Davy Rimane à l’Assemblée une expression politique directe. D’une certaine façon, la candidature de Davy Rimane incarne le mouvement politico-social que nous voulons être.

La singularité de cette élection partielle en Guyane se confirme dans tous les aspects de ce premier tour. La participation a augmenté de dix points par rapport à juin dernier. Ce n’est pas banal. C’est là le signal d’une implication plus grande due à la perception d’un enjeu politique national. Cela se comprend après la visite si controversée du président Macron et sa remise en cause de plusieurs points essentiels de « l’accord Guyane » au fil de ses rencontres dans la rue. Le résultat montre une polarisation de l’élection entre le candidat LFI et celui de LREM car les deux totalisent 80% des suffrages exprimés.

Après cela, la performance de Davy Rimane est spectaculaire. En effet il a plus que doublé son nombre de voix par rapport à juin dernier. Et il a augmenté son score de quinze points ! C’est ce résultat qu’un fin analyste de BFM a osé qualifier « d’échec ». Il est vrai que les « journalistes » de la presse parisienne, qu’heureusement personne ne lit en Guyane, se sont vite alignés sur le camp macroniste. Jusqu’au Canard Enchainé. On le vit cette fois-là prompt à fermer les yeux sur les exploits très spéciaux du candidat macroniste en personne. Mais comme il s’agissait de flétrir Davy Rimane (et moi bien sûr), le Canard rappelait les déboires judiciaires d’un de ses soutiens, le maire de Saint Laurent du Maroni. L’AFP répéta en faisant par-dessus le marché un comparatif du « diplôme de Science Po » du macroniste et son statut de startupper face à au « syndicaliste Rimane ».

Les arrogances de caste se rejoignent. Bien sûr, aucun de ces implacables enquêteurs n’alla jusqu’à s’interroger sur le parcours du macroniste ni sur ses liens locaux et régionaux. Leur surprise fera plaisir à voir le moment venu. Aucun ne se demanda quoi que ce soit sur les motifs d’annulation, ni sur les dépenses de campagne actuelles, ni sur les ressources de celle-ci. Enfin, ces parangons de morale et de vertu ne cillèrent pas un instant devant certaines bizarreries des résultats.

En effet, le candidat de Macron nous creuse un écart de six cent voix avec Rimane dans un seul village enclavé, Grand Santi. Admirable ! En effet, au même endroit, pour l’élection présidentielle, on s’était abstenu à 92 %. Cette fois ci au contraire, alors que toute la Guyane votait à 30 %, on se rua sur les urnes avec 64% de participation ! Et tout cela avec une admirable détermination politique : 95,5% des suffrages au même candidat, le macroniste ! Et c’est vrai que c’est là un renfort de grand poids. Car la moitié de l’avance du macroniste sur notre candidat est réalisée à cet endroit. Donc voilà un cas d’école : une population pour laquelle l’élection essentielle de la vie politique est l’élection législative partielle quand il y en a une ! Et qui vote en masse pour un candidat dont le chef politique vient de les prévenir formellement qu’ils n’auront ni route, ni hôpital, ni rien en général sinon les bonnes paroles d’un député invalidé qui n’a eu aucune activité en six mois de mandat. Oui vraiment, c’est un cas d’école que le candidat macroniste devrait étudier pour finir son diplôme de Sciences Po.

Cependant, à mon avis, contrairement à mes camarades guyanais je ne crois pas que nos chers champions médiatiques de « l’enquête indépendante » et de « la transparence » s’intéressent à tout cela. Et même après les accusations extrêmement graves prononcées par un candidat divers droite, José Makébé. Parce que le seul problème de ces médias c’est leur rage contre tout ce que fait ou soutient « la France Insoumise ». En atteste leur indifférence quand nous progressons de quinze points et que s’effondre à 1,8 % le Front National. Marine Le Pen était pourtant deuxième à la présidentielle derrière moi en Guyane il y a tout juste sept mois ! Pas un mot ! Pourtant les mêmes tartuffes jettent de grosses larmes sur la poussée de l’extrême droite en Italie et blablabla.

Le deuxième tour se présente donc mieux pour Davy Rimane qu’en juin dernier puisque même les résultats bizarres ne l’empêchent pas d’avoir réduit l’écart par rapport à juin dernier. Selon moi, mieux vaudrait que les bizarreries ne se reproduisent pas au second tour. Dans le contexte guyanais d’après la visite présidentielle et dans la foulée du mouvement social de 2017, la candidature de Davy Rimane incarne une issue positive du processus citoyen. Son étouffement par des résultats bizarrement acquis ouvrirait une nouvelle époque de frustrations dans une société guyanaise déjà excédée. Ce que personne ne devrait souhaiter.

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Crédits photo : Compgeo.98

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