Alerte : Mélenchonite aigüe chez les mous du genou

Outrance ! Invective ! Comment Emmanuelli, Duflot, Hamon, et combien d’autres ont-ils osé dire tant de mots qu’on ne saurait répéter contre Manuels Valls ! Il y a un mois et huit jours, les mêmes choristes ou leurs petites mains ne m’ont-ils pas unanimement gratifié de leurs leçons de bonne manière, de retenue, de dignité même, quand je disais du monsieur qu’il était « contaminé » par les idées du FN ? Alors les amis, on se fait une petite mélenchonite aigüe ? Vous n’arrivez à plus à boire le potage à cause des épices qui s’y trouvent ? Il va vous en cuire, les amis ! Hier les gros barons cumulards ont signé une pétition pour soutenir l’éradicateur des Roms. Ceux-là ne rigolent pas et vos amis ont intérêt à apprendre à chasser du Rom s’ils veulent être sur leur liste municipale. Et le soir même le petit monsieur a tapé du pied rageusement et même qualifié « d’insupportable » sa collègue au gouvernement ! Ça va chauffer. Attendez qu’Ayrault se rende compte de quelque chose et vous allez voir si vous ne serez pas privés de dessert ! Et quand Hollande va se rappeler qu’il y a des ministres, Florange ou pas ! Surtout que 90 % des Français sont déjà d’accord pour dire que les pauvres à qui on refuse l’eau, interdit des métiers, à qui on refuse des logements et qu’on jette hors de leurs campements, sentent mauvais et ne s’intègrent pas bien. 

Et même, oserais-je ajouter que si on les jette à la Seine en leur attachant les mains et les pieds ils ne font aucun effort pour nager ! Vous êtes donc totalement isolés, les invectiveurs de Valls ! Et regardez encore ceci : pas un religieux à l’horizon. Pourtant quand il s’agit de saouler tout le monde avec des histoires de foulard et de perruque, de poisson et de cochon, de vendredi, de samedi ou de dimanche, d’homosexuels et d’avortement il n’en manque pas un. Ni pour acclamer « le pape des pauvres » et ainsi de suite comme disent ces hypocrites. Ceux qui croyaient que le cœur de métier de tous ces psalmodiant fulminateurs et excommunicateurs, c’était quand même au minimum la compassion pour «autrui », comme ils disent ! Pffouiitt ! Ils ont tous disparu. Bonjour les autorités morales ! Allez, levez les mains, rendez-vous les nouveaux vertueux ! Vous êtes cernés, vous êtes seuls, ça ne va pas vous profiter électoralement de ne pas vouloir jouer les sous fifres de la partition xénophobe ! Si vous continuez comme ça vous allez finir par dire des choses de gauche : que les Roms sont des êtres humains, qu’ils s’intègrent très bien quand ils en ont le moyen, que leurs gosses aiment l’école quand on leur en fait goûter, qu’ils sont tout juste 17 000 au milieu de 65 millions de gadjos, que c’est une honte de dire comme Hidalgo la fille d’immigré, Valls le naturalisé, que ces étrangers-là ne peuvent s’intégrer et que nos villes n’ont pas à être de vaste campement. Et d’oser le faire quand Paris compte 20 000 SDF « bien de chez nous » en voie de désintégration humaine !

Vous finirez par dire comme de vulgaire et odieux membres du PG que tout cela n’est qu’une comédie infecte pour ne pas affronter les sujets qui comptent vraiment et sur lesquels ce gouvernement répand plus de malheurs et de dévastation qu’un million de Rom débarquant d’un coup au milieu de Paris : santé, école, service public. Frapper les pauvres c’est le fumigène des lâches ! La France aura honte un jour de ces moments glauques et cruels comme elle a eu honte des pogroms d’italiens et de polonais des années 20, des magrébins des années 60. C’étaient les pères ou les grand mères des braillards xénophobes de notre temps. A l’époque, ceux qui cognaient n’y avaient pas pensé. Maudits soient leurs fronts de bœuf !  

Budget social : le prix du malheur

Le gouvernement prévoit une coupe de 6 milliards d'euros des dépenses de la Sécurité sociale en 2014. Quand on parle des chiffres de la Sécurité sociale, il ne faut jamais oublier qu’il s'agit avant tout de réalités humaines, parfois parmi les plus quotidiennes, mais aussi les plus intimes dans la vie des personnes. Les têtes d'œuf du gouvernement ne voient pas la chose cette façon, cela va de soi. En bonne langue de bois et cœur de bois, les technocrates ont d’autres points de mire. Ils se réjouissent de pouvoir claironner qu'ils pensent réduire le déficit de près de 4 milliards d'euros en le ramenant à 13 milliards d'euros. Ce serait alors le "plus faible déficit depuis le début de la crise". Quelle merveille ! Mais quel sera le coût humain de cette prouesse ? C'est toujours la même question : quel est le prix du malheur ? S'il faut tout calculer, alors demandons-nous combien coûte à toute la société une personne malade non soignée. Que « coûte » son affaiblissement personnel ? Les problèmes qu'elle pose aux autres, mais aussi de la maladie qu'elle répand ? Quel est le coût de la disparition d'une personne pour sa famille, pour ses collègues de travail, pour ce qu'elle produisait ? Tout le monde connaît la phrase tellement répétée d'Abraham Lincoln : « si vous trouvez que l'éducation coûte trop cher, essayez l'ignorance » ! C'est exactement ce que sont en train de faire les sorciers solfériniens. Ils trouvent que la santé coûte trop cher et donc ils essaient d'imposer qu'on se passe de soins. D'une façon générale, la moitié des coûts prévus dans le budget de la Sécurité sociale concerne la branche maladie. Le gouvernement veut développer la "médecine ambulatoire" (l’"hôpital sans lit"). Il prévoit la sortie du patient de l’hôpital le jour même de l’opération. Dans ces conditions, l’hôpital public devra donc réaliser 440 millions d'euros de coupes. La situation d'alerte générale, les protestations unanimes des professionnels de santé, des populations et des élus à propos du démantèlement du réseau de soins publics, Ayrault et Hollande n'en ont strictement rien à faire. Pourtant ils feraient bien de se rendre compte de la responsabilité morale qu’ils prennent. Avec une telle politique de santé, combiné à l'allongement des années de travail à fournir avant de pouvoir partir à la retraite, on peut prévoir que l'espérance de vie en bonne santé va reculer dans notre pays. Elle l’a déjà fait d'un an au cours de l'année dernière, si j'en crois les statistiques que j'ai en main. Dans certaines catégories sociales, compte tenu de la pénibilité des emplois, le renoncement aux soins, leur inaccessibilité, se paieront cher : c'est l'espérance de vie tout simplement qui va reculer. Merci qui ?

Appel d'Eva Joly : pour nous, c'est oui !

J’ai marqué ce jour d’une pierre blanche. Toute l'équipe nationale du Parti de Gauche était en ébullition dès que la nouvelle a été connue. Eva Joly et ses amis ont pris une formidable initiative. Dans leur motion soumise au vote du congrès d'Europe Ecologie-les Verts, ils proposent d'agir pour que se construise une « nouvelle majorité » de gauche. Nous disons les choses exactement de la même manière. C’est un moment décisif. D’abord parce qu’une brèche a été ouverte dans le mur disciplinaire dont les solfériniens ont entouré tous leurs alliés. Il ne faut pas sous-estimer l'importance aux yeux des solfériniens de leur dispositif de verrouillage. Sinon comment pourraient-ils maintenir la discipline de vote de leur majorité ? Sur l’adhésion au projet ? Lequel ? Sur le programme des élections présidentielles, sur les accords signés avec les uns et les autres ? Tout cela n'a plus cours. Ce sont des chiffons de papier qui n'engagent que ceux qui ont bien voulu y croire. Les solfériniens n'ont qu'une seule doctrine : les feuilles de route de la Commission européenne et la discipline à table. Un seul liant pour le rata des soumis : la distribution des places. Tous ceux qui leur doivent quelque chose sont donc sans cesse rappelés à l'ordre s'ils essaient d'aller plus loin que la longueur de la laisse passée autour de leur cou. Pascal Durand l’a vérifié ! Dans ces conditions, pour les solfériniens, le Front de Gauche est un cauchemar imprévu dans le scénario qu'ils avaient ourdi. Par notre liberté de parole, mon insoumission incorruptible, notre représentativité électorale acquise pendant la présidentielle, notre capacité à mobiliser des dizaines de milliers de personnes sur des objectifs de très haut niveau politique comme la Sixième République, nous menaçons l’existence même de leur système. Ce n’est pas une affaire de nombre. C’est autre chose : il existe autre chose qu’eux, quelque chose de puissant, à gauche. Et ce quelque chose, nous le Front de Gauche, au lieu d’être une secte bouffie de certitudes campant dans son pré carré d’où elle chercherait à convertir le monde à d’improbables vérités, est au contraire sans cesse en mouvement pour élargir l’assise et le nombre de ceux qui peuvent viser ses lignes d’horizons. C'est pourquoi les solfériniens consacrent tant d'énergie à essayer de faire exploser le Front de Gauche. C'est pourquoi ils sont prêts à payer le prix fort pour y parvenir. Il ne faut pas les sous-estimer. Ils ont beaucoup de moyens d’action. La menace, les pressions, les ciseaux électoraux, les mandats, les emplois et les faveurs à distribuer ne sont pas sans effets. Ma diabolisation médiatique, le petit jeu des positionnements, jouent aussi dans ce sens. Mais de notre côté aussi, nous ne sommes pas sans moyens. La gauche d’en bas ne s’en laisse pas autant conter que le croit les chefs. Elle ne se laisse pas fasciner par les ors du système qu’elle méprise assez largement. Certes, elle a tellement reçu de coups qu’une immense résignation s’y est répandue. Raison de plus pour maintenir allumé le fanal de la résistance, qu’on aperçoit même dans la nuit noire, pour rallier le camp du combat. Nous l’avons fait contre vents et marées.

Pour la première fois, avec le texte d’Eva Joly, dans la sphère politique nous nous sentons entendus. Après tant d'autres épisodes, au lendemain du départ de Noël Mamère et de sa décision de voter contre le budget, une branche d'Europe Ecologie-les Verts entre à son tour dans une profonde dissidence politique à gauche. Ce que cette dissidence a de nouveau, c’est qu’elle est positive : elle s’inscrit en direction d’un futur. Elle ne se résume pas à une posture de communication politique. Ce n'est pas une de ces « gesticulations unitaires » auxquelles nous sommes habitués venant de la gauche du PS. Ceux-là voudraient, sous le prétexte de creuses psalmodies sur « l’unité » et en agitant la peur de l'extrême droite, que leur gouvernement fait progresser, nous ramener sur la galère en perdition des solfériniens. Il s'agit ici au contraire d'une initiative positive. D’abord, elle est respectueuse de ceux à qui elle s'adresse. Le texte ne contient aucune de leçons de morales et de bonnes manières qui est la spécialité des textes des « gauches » du parti solférinien. Ensuite, elle est sans dessous de table : ses auteurs n’ont rien à marchander. Enfin, elle ne contient aucun coup de billard à dix bandes. Au contraire, elle se prononce clairement et franchement sur une proposition. Une proposition d’alliance entre tous ceux qui non seulement refusent la politique des solfériniens, mais veulent proposer un autre chemin. Ce serait une nouvelle majorité. Elle a reçu aussitôt notre réponse : pour nous, c’est oui !

Je suis heureux que se soit écoulé si peu de temps entre le moment où j'aurais évoqué ce « nouveau front » politique que la situation ferait naître et le moment où sa configuration se dessine sous les yeux de tous. Pourtant, il y a des mois que nous l’évoquons. Ce genre de formule ne retient jamais l'attention des prétendus politologues qui doivent amuser la galerie avec des ragots, des querelles de personnes, de la psychologie de comptoir et de fumeuses dissections communicationnelles. La gravité du moment politique que nous vivons, la catastrophe sociale et même civilisationnelle, qui s'avance vers nous, ne sont pas perçues par les élites médiatico-politiques. Certains jours, on enrage plus que d'autres devant le mépris des ignorants. D'autres jours, les événements viennent à notre rencontre. Alors, du moindre brin de paille qu’il nous apporte, nous parvenons à tirer un feu flambant qui illumine la profondeur de l’espace humain. A ce moment, la grossièreté et la puanteur de la scène officielle recule dans l'ombre et les visages du commun deviennent visibles. Notre force se voit et se renforce en se voyant. Comme ce 5 mai dernier à la Bastille. Peut-on oublier que nous étions ensemble avec Eva Joly, Julien Bayou et combien d’autres, venus de cette mouvance en résistant à toutes les pressions, toutes les corruptions tentées?

A présent, je sais très bien que nous allons traverser un moment compliqué. Les élections municipales ne se mènent pas comme n’importe quelle autre. Tant de paramètres, publics ou secrets pèsent sur les choix ! Il faut garder le regard au-dessus de la mêlée pour que le cap général ne soit pas perdu et la barre tenu du bon côté. Aujourd’hui, je me sens conforté par les confirmations que les faits ont apportées à nos analyses. Certes ce n’est qu’une hirondelle, me dira-t-on ! Le printemps est encore loin. Est-ce trop d’émotion pour un texte d’un courant minoritaire d’un parti très minoritaire ! Le nombre n’est rien. Ce qui compte c’est le mouvement : l’étau se desserre ! Tout ce qui élargi le nombre de ceux qui peuvent s’atteler à une démarche politique indépendante à gauche contribue à contrarier le scénario mortel écrit à l’avance par la politique des solfériniens. Les deux prochaines élections vont être marquées par une abstention terrible. Cela plus le vote sanction auquel nous allons appeler : le parti solfériniens sera essoré. L'extrême droite sera très puissante. Non seulement parce que le lepénisme médiatique et ma diabolisation vont fonctionner à fond, mais aussi parce que pour beaucoup elle apparaît comme un moyen concret de rendre ses coups au système. Quelle terrible confusion s'installerait si nous commettions l'erreur de faire des listes communes au premier tour sous la direction des socialistes ! Cela serait ressenti comme un signe d'adhésion à un système politique dorénavant largement exécré. Si nous voulons faire mieux que gémir, empiler les analyses sur l'extrême droite, et se tordre les mains pour l’unité entre ceux qui créent les dégâts et ceux qui les subissent, il faut ouvrir franchement un chemin neuf. « Cheminer crée le chemin » disait Machado ! Si nous n'avions pas proposé comme horizon une majorité alternative composée de tous ceux qui rompraient à gauche avec la politique d'austérité du gouvernement, l'initiative Eva Joly aurait sans doute été impossible ! Si nous n'avions pas proposé des listes alternatives autonomes au premier tour, nous n’aurions pas déjà dans des dizaines de villes des discussions sur ce thème avec les militants d'Europe Ecologie-les Verts. Bref, c'est le clivage qui permet le rassemblement.

J'ai posé publiquement le problème que soulèvent les alliances de premier tour avec les solfériniens. J'ai donné mes arguments. Il est donc totalement erroné d'évoquer une «querelle» sur le sujet dans le Front de Gauche. C'est un débat sérieux. Sa force est qu’il ne se mène pas entre alchimistes qui se disputent autour de la rédaction d’un grimoire, mais sur le terrain, au vu et au su de millions de personnes dans le pays. En cela, il participe totalement de l'éducation politique populaire de masse que nous voulons. Affronter la réalité n’est pas anxiogène. C’est le déni qui l’est ! Il est également erroné de tracer une ligne de clivage entre le Parti de Gauche et « les communistes » en général. La ligne de l’autonomie est également portés par des milliers de communistes qui, dans des centaines de communes, se préparent à déposer des listes du Front de Gauche dès le premier tour. C’est le cas déjà dans la plupart des métropoles régionales. La division du Front de Gauche vient exclusivement de ceux qui tournent le dos au pacte fondateur du Front de Gauche. Et, plus récemment, au texte « stratégie » adoptée par tous les partis du Front. Ceux-là ne se soucient ni de l'image nationale qui résulte de la crise qu’ils ouvrent, ni de l'impact de leurs actes sur le combat de tous leurs autres camarades qui partent en Front de Gauche. Ni de l’image que donne de leur parti la navette au plus offrant entre les partenaires du Front de Gauche et les réfectoires solfériniens. Une situation ubuesque ! Car elle intervient dans un moment qui va exactement en sens contraire. Monter dans le train socialiste quand est en train d'en descendre Noël Mamère est un absurde chassé-croisé ! Former des alliances avec les solfériniens au moment où les Verts-Europe-Ecologie présentent de leur côté des listes autonomes est aberrant. Le faire quand Eva Joly et ses camarades font une offre publique d'alliance indépendante, c'est une faute politique très lourde. Et tout cela quand se durcit à droite la position du gouvernement ! Et quand la brutalité de ses relations avec ses alliés explose au grand jour avec le limogeage de Pascal Durand sur ordre de l'Élysée !

Les mots que j'emploie ne doivent pas être utilisés pour piquer ici ou là, blesser je ne sais qui dans son orgueil. Ils sont une invitation à réfléchir et à comparer des arguments clairement et nettement exprimés. Ils sont donc un appel à abandonner l'habitude de parler par euphémisme et tarabiscotes ! Je demande à ceux qui me lisent de ne pas s'abandonner au goût de la polémique pour elle-même, ni à des généralisations qui ne font rien avancer. Dans le moment, mon objectif est que le Front de Gauche garde sa cohérence d’action pour être crédible, car telle est la condition indispensable pour qu’il soit la locomotive au service du nouveau rassemblement qui se dessine sur le terrain. Il n’y a pas de cohérence de cette sorte possible sans cohérence politique. On ne peut ouvrir et fermer le Front de gauche au fur et à mesure qu’alternent les élections locales et nationales. L’élection municipale, surtout dans la vitrine parisienne, n’est pas seulement une élection locale. L’enjeu n’est pas limité au seul Front de Gauche. Depuis les déclarations de Noel Mamère et le texte d’Eva Joly, tout le monde devrait le comprendre. 

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