Au début des magnolias

Je signale que lundi, les magnolias de la place de la République à Strasbourg ont commencé à fleurir. J’ai vu les mêmes, vendredi, à Lyon à la station du tram Mendes France. C’est une très ancienne variété de fleurs. Je me demande si les dinosaures n’en ont pas brouté ! Ça sent le retour du printemps. A Besançon, la lumière dorée qui rasait les murs de la cité Canot, au bord du Doubs, avait une clarté moelleuse qui ne trompe pas. Et à Nancy, pendant qu’une jeune femme hors d’haleine m’offrait un CD de la part de ses copains (« les Brunos bis »), j’ai senti que le jour tombait plus doucement. Je mentionne tout ceci pour tenir une promesse que je me suis faite de redevenir attentif aux détails certes insignifiants mais qui en disent tant. Mes posts en effet commencent à ressembler trop à mes cahiers politiques de jeunesse. Des années après, tombant dessus par hasard, je m’effrayais de cette prose austère où l’on ne trouvait ni jour ni nuit, ni saison ni météo, ni rien qui me permette de me rappeler que j’avais 21 ans et qu’il pleuvait le jour de la grande marche de soutien aux LIP. 

Je me demandais quel détails je négligeais d’observer dans l’hémicycle à Strasbourg quand je pris conscience de quelle terrible distraction j’allais me rendre coupable. Ici il ne faut pas rêvasser. Les cadences ne le permettent pas. Au cours de cette session, 75 textes ont été soumis aux votes. Avec les amendements, nous aurons procédé à 875 votes sur le total de la plénière, de lundi 10 mars à jeudi 13 mars à treize heures. Chaque séance de vote durant une heure en moyenne, cela signifie que nous avons émis 5 votes à la minute, c’est-à-dire un vote toutes les douze secondes, tantôt à main levée tantôt par vote électronique ! Mais José Bové a déclaré naguère qu’il était très « facile de voter sans se tromper », un jour où il essayait de m’imputer un vote en dépit du fait que je l’avais fait rectifier. Cette fois ci c’est lui l’arroseur arrosé. Je parle ici un peu de la guerre picrocholine qui m’oppose à lui et à son quasimodo de sofa, le postillonnant Daniel Cohn-Bendit qu'Europe 1 paie pour me traiter « d’abruti ».

Mais ce post est consacré à des sujets sérieux. Un mot sur le moment politique, Puis une mise en perspective de notre mobilisation pour le troisième anniversaire de l’accident nucléaire de Fukushima. Enfin, les bidouilles de Valls dans les élections de toutes sortes avec de nouveaux épisodes spécialement lamentables.

Une bonne et utile décomposition

Une à une se mettent en place les pièces qui conduisent au point « qu’ils s’en aillent tous » dans notre pays. Il y a un système « officiel », entrelacs de jeux à somme nulle entre médias de révérence et sphère politique officielle, unis pour habiller la décomposition générale des liens sociaux et politiques du pays dans un filets de mantras circulaires. Exemple : « Ça va mal et même très mal mais c’est parce qu’on en fait pas assez dans la direction qui fait mal et même très mal ». Ou bien « tous pourris, mais ce n’est pas bien de dire tous pourris parce que ils sont tous pourris sauf les bons médias qui le disent à longueur de journée ». Et ainsi de suite. Aussi longtemps que les acteurs de la scène visible joueront ce rôle, nous n’aurons qu’à attendre que le fruit tombe sous sa propre pourriture, comme ce fut le cas partout où ce processus a eu cours. La poudrière est presque prête. La violence sociale de la politique d’austérité frappe dorénavant très largement la société. Les gens qui se voient comme « de la classe moyenne » sont largement atteints non seulement dans leur vie professionnelle et leur portefeuille, mais aussi par des éléments vécus comme des formes de déclassement social lourd. Je pense ici à ce qui se passe, par exemple, dans des milliers de co-propriètés où les garanties décennales sont dépassées et où les travaux d’entretien sont hors de portée des bourses actuelles des résidents.

La décomposition de la scène politique, c’est-à-dire celle de la représentation reconnue, est bien avancée. C’est très encourageant. Le transfert de la droite vers l’extrême droite devrait radicaliser la confrontation politique. Notre émergence y ajoutera. C’est bien. Cela est indispensable pour que soient enfin abordés les thèmes qui comptent. Et pour que soit rompu l’étouffement de tout débat que visent les élites UMP et PS. Côté PS, l’implosion sur le terrain passe sous les radars des crustacés accrochés à leur bureau éditoriaux. C’est donc encore plus efficace pour nous car, sur le terrain, sans projecteurs allumés sur eux, les petits féodaux se déchirent à belles dents. Le nombre des villes où les listes dissidentes socialistes s’affrontent sans retenue nous ouvre une écoute et une vraie place potentielle. Bien sûr, ce n’est pas le cas partout, hélas. Mais c’est extrêmement révélateur du destin que promet aux grosses machines politiques féodales la combinaison de la territorialisation des prébendes et de l’épuisement idéologique.   

Bien sûr, si nous ne voulons pas finir comme des Ukrainiens dans la main de l’extrême droite et même pire, il faut nous préparer activement à être la relève. Les élections municipales remplissent une excellente préparation. Nous nous enracinons et, avec nous, nos idées, notre manière de voir et de travailler. La violence que nous subissons du fait de notre occultation médiatique généralisée, du fait des tripatouillages de Valls, du contenu consternant de campagnes de droite et du PS, endurcissent des milliers de militants qui découvrent une réalité dont ils ne se faisaient qu’une idée lointaine. Une large éducation au mépris des médias et au rejet des marionnettes de la scène politique officielle gagne nos rangs. Excellente préparation à la suite des évènements qui attendent notre pays.    

La Crimée est perdue pour l'OTAN. Tant mieux.

Bien sûr la Crimée est « perdue » pour l’OTAN. Bonne nouvelle. Il faut espérer que, du coup, la bande de provocateurs et d’agités qui dirigent la manœuvre va se calmer quelque temps. Car il était évident que si recommençait le cirque qui a conduit en son temps le géorgien Saakachvili à vouloir brutaliser les enclaves russophones de son pays, l’affaire finirait comme alors. C’est-à-dire par une sécession sous protection militaire russe. Poutine a profité habilement d’une politique aventurière et irresponsable provoquée par les autorités de fait ukrainiennes. Mais avait-il le choix ? Pouvait-il accepter une avancée de l’OTAN en Crimée, sa grande base navale sur la mer noire, trajet du gazoduc qui contourne l’incontrôlable Ukraine ? Non, bien sûr, et aucune personne informée ne peut soutenir le contraire. Inconvénient : l’occasion a fait le larron: la prise d’avantage est considérable pour la Russie. Avantage : la frontière de l’est est à peu près stabilisée si l’OTAN n’en rajoute pas. Les USA avancent et conquièrent le chaos ukrainien, mais les russes reprennent la Crimée. En cas de prolongation des tensions, les Russes prendront aussi le Donetz. Le moment venu, les Polonais mettront les doigts dans le secteur eux aussi. Mais c’est une autre histoire.

Car pressionner sur des États plurinationaux et multiculturels, c’est les faire exploser. Tel est le destin promis de l’Ukraine. Mais le point où nous voici rendus peut calmer le jeu. Et on le devra à des excités qui visaient tout le contraire. Je parle des « ultras nationalistes », néo nazis ou pas, marionnettes des diverses fractions d’oligarques kleptocrates ukrainiens. Ceux-là ont cru qu’en en rajoutant, ils contraindraient « l’Occident » à les soutenir, nonobstant leur sulfureuse identité politique. Et ils y sont parvenus. Mais ils n’auront rien de plus. N’empêche ! Américains et « Européens » ont été pris au piège des extrémistes qu’ils ont stupidement laissé occuper toute la scène. Mais qu’y pouvaient-ils ?

On retrouve ici les conséquences de la grossière politique nord-américaine. La même qui les a conduits à d’abord armer les islamistes contre les « rouges » ! C’était la stratégie de la ceinture verte autour des ennemis rouges. Pour finir, la ceinture verte mordit la main qui l’armait. Génial ! Une nouvelle fois, les mêmes cerveaux malades ont été débordés par leurs créatures. Car aucun service américain n’était assez ignorant pour croire qu’en cas de franchissement de la ligne rouge, les Russes laisseraient faire. Et aucun n’était assez aveuglé pour croire qu’il existerait une parade. Car il n’en y a pas. Sauf la guerre contre les Russes. Qui est volontaire pour aller se battre au milieu d’un champ de centrales nucléaire nommé Ukraine, où trône déjà Tchernobyl ? Qui est disponible pour une crise économique pire que celle qui déroule déjà ses anneaux ? Qui en Allemagne ou ailleurs a trouvé le moyen de se passer du gaz et du pétrole qui transitent par l’Ukraine ? Personne ! La messe est dite. La Crimée sera russe et l’Ukraine entre dans un chaos aggravé.

La pollution ? « Le Monde » a une solution : le populisme !

Signe des temps ! Quand revient le printemps, ce n’est pas du soleil dont il faut se préoccuper mais de la pollution ! Aussitôt, le journal « Le Monde » en tire une petite cuillère de plus comme contribution au discrédit de « l’inaction des politiques ». A la une. Bien sûr, « droite et gauche » dans le même sac, comme dirait le Front National. Si nous écrivions pour « le Monde » nous parlerions ici de dérive « populiste ». Mesurons bien que nous parlons du journal qui prend des pauses corporatistes à la moindre critique et me montre du doigt m’accusant de pratiquer à ce sujet à une « généralisation » sans objet.

Mais il ne se sent nullement empêché de titrer sur une telle généralisation contre « les politiques » plutôt que contre le productivisme qui est la cause de cette impasse respiratoire dans laquelle le système, que défend bec et ongle « le Monde », enferme l’humanité. Quoi qu’il en soit, compte tenu de ses difficultés financières et de la fuite de son lectorat écœuré par la dérive ultra droitière de sa ligne éditoriale, ce genre de vieille gloire de l’ancien temps médiatique est-elle encore en état d’avoir un vrai point de vue indépendant ? Je ne le crois pas, et je ne suis pas le seul. L’opinion considère plus mal encore « les médias » que « les politiques » qu’insulte « le Monde ». Ce n’est pas peu dire. Mais c’est réjouissant. La deuxième peau du système craque de toute part.

Fukushima : plus jamais ça

Ce mardi 11 mars, nous avons commémoré le troisième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le Parti de Gauche s’est mobilisé avec un mot d’ordre : « plus jamais ça ! ». Nous avons été présents sur dix sites nucléaires. Nos élus et nos têtes de listes aux municipales ont été sur le pont. Par exemple Danielle Simonnet et Pascale le Neouannic à la centrale de Nogent située sur la Seine en amont de Paris, Jean-Christophe Selin à la centrale de Golfech dans le Tarn-et-Garonne, Gérard Boulanger à Blaye, Eric Coquerel et Luc Leandri au Tricastin. Ceux-là ont bien rigolé. Ils étaient là une vingtaine, de Drôme, de Vaucluse, du Gard. Mais selon les organisateurs eux-mêmes, Ha ! Ha ! la police était plus nombreuse que les manifestants… Une RG et des gendarmes, tous très aimables avec nous. Pas de contrôles d'identité, Eric et Luc avaient leur écharpe d'élus, mais les numéros d’immatriculation des voitures ont été relevés, néanmoins. J’étais avec notre secrétaire nationale à l’écosocialisme Corinne Morel Darleux pour une conférence de presse à Strasbourg avant son départ pour Fessenheim. Ce jour-là, Jean-Marie Brom, figure centrale de la lutte pour sortir du nucléaire, était à nos côtés comme il l’est sur notre liste pour la municipale de Strasbourg. Je ne fais pas le tour des dix présences. On m’a compris.

Nos dix actions sur les sites nucléaires du pays sont une étape d’affirmation de soi dans la vie de notre formation politique. Notre mot d’ordre est clair : il faut sortir du nucléaire. Les raisons sont maintenant connues. D’abord le risque. Bien sûr, le nucléaire est sûr. Jusqu’à ce qu’il ne le soit plus. Entendons-nous bien : toute activité comporte des risques. Mais dans le nucléaire, le risque n’est pas celui d’un accident vite oublié. C’est le risque d’une catastrophe terrifiante et indélébile, avec des terres et des eaux contaminées pour des siècles, sinon des millénaires, des espaces à jamais incompatibles avec la vie humaine.

La deuxième raison de vouloir sortir du nucléaire, ce sont les déchets que cette activité génère. Nous laissons derrière nous, là encore pour des siècles sinon des millénaires, des montagnes de déchets radioactifs que nous ne savons pas traiter. Cet argument devrait convaincre ceux qui répètent à longueur d’antenne que « la dette publique est une insulte faite aux générations futures ». Mais non ! Mais la dette écologique que nous laissons vraiment ne les émeut pas autant que les intérêts à payer aux banques.

Nous reprenons le bâton de pèlerin pour la sortie du nucléaire. Il y a urgence. Car François Hollande continue de louvoyer. Il avait promis une grande loi sur la transition énergétique pour 2013. Il a ensuite repoussé la promesse à 2014. Le projet de loi devait être présenté en Conseil des ministres début avril. Mais elle ne figure même pas dans la « lettre de cadrage pour la transition écologique » que Jean-Marc Ayrault a envoyée au ministre de l’Ecologie le 18 février dernier ! On est donc en droit d’être très inquiet sur le contenu de cette loi, mais aussi sur son existence même !

Or, ne rien faire, c’est choisir le nucléaire. C’est ce que la Cour des Comptes a dit il y a maintenant plus de deux ans. En janvier 2012, la Cour des comptes estimait que « compte tenu du délai en matière de politique énergétique entre la prise de décision et ses effets, ne pas prendre de décision revient à faire un choix, celui de faire durer le parc actuel au-delà des 40 ans ». En effet, 80% du parc nucléaire français aura 40 ans entre 2017 et 2027, la durée de vie prévue. C’est ce que les spécialistes appellent « l’effet falaise ». Donc si on veut sortir du nucléaire, il faut agir et vite. Car cela demandera du temps et de l’argent.

L’argent est justement un des aspects du débat. EDF estime que le prolongement des centrales au-delà de 40 ans coûterait 55 milliards d’euros. Mais EDF milite pour cette option depuis longtemps. On ne peut donc pas se fier à son seul jugement. L’association Greenpeace a commandé une étude sur les coûts de prolongation de l’exploitation de la vie des réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans. L’étude de Greenpeace aboutit à un coût potentiellement 4 fois supérieur à celui d’EDF. En tout cas, dans une hypothèse de renforcement de la sécurité malgré le prolongement ! EDF a chiffré à un peu moins d’un milliard d’euro par réacteur les travaux nécessaires. Mais selon Greenpeace, le coût pourrait atteindre 4,53 milliards d’euros si on souhaite un degré de sécurité « renforcée ».

Il s’agit d’un enjeu démocratique majeur. La durée que les décisions impliquent, les sommes mobilisées, les risques encourus par la population et le territoire national : tout pousse à un débat approfondi sur le nucléaire en France. Greenpeace demande par exemple que la durée de vie maximale de 40 ans soit inscrite dans la loi pour éviter que le gouvernement, EDF et l’Autorité de Sûreté nucléaire ne puissent décider seuls.

Il ne suffira pas de faire voter une loi nommée « loi pour la transition énergétique ». Le contenu sera regardé de très près. Et pas seulement sur le nucléaire. La mobilisation citoyenne veille au grain. Il y a quelques jours, presque en même temps que Greenpeace, plusieurs ONG écologistes ont ainsi présenté leur « VRAI projet de loi pour la transition énergétique ». Parmi ces associations on trouve Agir pour l’environnement, France Nature Environnement ou encore le Réseau Action Climat.

Bien sûr, le projet mérite un examen approfondi et des discussions. Il est là pour cela. Mais il a d’ores et déjà le mérite de fixer des lignes rouges avant le projet Hollande. Il réclame ainsi des objectifs chiffrés ambitieux comme la réduction de 45% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030 et leur division par quatre d’ici 2050. Il fixe une trajectoire d’économies d’énergies et de sortie du nucléaire. Il propose un horizon 100% d’énergies renouvelables en 2050 et les étapes pour l’atteindre. Et il met en avant des propositions que le Front de Gauche défendait dans la présidentielle comme l’allongement de la durée de garantie des produits.

Sans entrer dans les détails, ce qui en ressort confirme notre analyse. La transition énergétique est urgente mais elle nécessitera du temps et donc une planification des changements. Elle ne peut se faire sans une intervention publique forte en investissements financiers comme en moyens humains et techniques. Elle est un formidable moyen de relance de l’activité économique et de l’emploi. Pour le dire autrement, la transition énergétique est donc radicalement incompatible avec la politique d’austérité appliquée aujourd’hui.

Après les travaux du groupe d’experts Negawatt, ce « VRAI projet de loi pour la transition énergétique » valide la méthode de la Révolution citoyenne. Voir des associations prendre en charge la rédaction d’un projet de loi n’est pas une chose fréquente. Bien sûr, la forme du document se présente comme un document rédigé pour qu’il soit accessible à tous. Mais le document est organisé en titres et articles. Comme un vrai projet de loi. C’est la preuve d’une grande volonté de crédibilité et d’une ambition majoritaire.

De nouvelles bidouilles électorales de Valls

Le jour même des élections européennes auront lieu les élections consulaires des Français de l’étranger. Depuis plusieurs mois, nous nous mobilisons pour monter des listes Front de Gauche et donner sens à l'opposition de gauche sur ce terrain aussi. Pour se présenter à ces consulaires, que l'on peut comparer à des municipales vu le nombre d'inscrits, les conditions sont assez rocambolesques. Valls la bidouille est passé par là. En effet le décret d'application de ces élections de type entièrement nouveau était promis pour décembre dernier. Il est paru au JO le six mars dernier ! Et cela alors que les listes étaient à déposer le seize mars ! Dix jours de délais, c’est royal. Et tellement mieux que de la veille pour hier ! Comme si cela ne suffisait pas, ce décret, déjà publié en dernière minute, a encore été complété par un « mémento » vendredi hui ars ! Cette fois ci, c’est de la veille pour l’avant-veille. Jamais aucun gouvernement en France n’a traité avec autant de mépris et de grosses combines l’organisation des élections.

Encore un exemple ? Retenez votre souffle! Vous saviez déjà que Manuel Valls, c’est l’homme qui a créé une « nuance » qui permet à madame Le Pen de ne plus être comptée à l’extrême droite aux municipales. On comprend alors qu’il n’en est plus à une faveur près. Il a donc aussi autorisé le FN à mettre des bulletins d’adhésion dans les professions de foi. Mais oui ! Vendredi sept mars se tenait la réunion de la commission de propagande à la sous-préfecture d’Arles. Il s’agissait de valider les professions de foi et bulletins de vote des candidats pour les villes de Tarascon et Arles. Surprise de la réunion : les représentants des candidats FN ont demandé d’insérer dans leurs professions de foi un bulletin d’adhésion (détachable) à leur parti. Refus évident et prévisible opposé par le président de la commission ! Pourtant, les représentants du FN sont revenus à la charge. Ils ont demandé une commission restreinte. Durant celle-ci, le ministère de l’Intérieur a donné son accord. Quel que soit celui qui est intervenu, une chose est certaine : les professions de foi des candidats FN d’Arles et de Tarascon qui sont déposées en sous-préfecture intègrent un bulletin d’adhésion au FN. Evidemment, nous demandons à la sous-préfecture d’Arles de nous éclairer sur ce revirement de la commission de propagande. Elle doit rendre public les éléments qui ont motivé une telle décision. Et si elle ne le fait pas, pourquoi la préfecture de la Creuse, qui a accordé la même faveur, ne le ferait pas ? Avec Valls et Hollande, il fait bon être au Front national. Comme la démocratie est belle depuis « le changement c’est maintenant »!

Aux élections municipales, la bidouille de Manuel Valls est confirmée telle que je l’avais dénoncée ici même. Le ministère de l’Intérieur a publié sur son site internet la totalité des listes dans toutes les communes. Le ministère a attribué à chaque liste une «nuance». Ces « nuances » servent à deux choses. Premièrement, additionner les résultats de toutes les communes pour présenter un total national par « nuance ». Deuxièmement, aider la presse à se repérer : les résultats commune par commune sont ainsi présentés le lendemain du vote accompagnés de la nuance officielle. L’enjeu est donc très politique : il s’agit de la manière dont sera présenté le résultat des élections municipales.

J’ai déjà alerté sur les bidouilles de Manuel Valls avec ces attributions de « nuances ». Le but de Manuel Valls est simple. Camoufler la défaite à venir du PS. Pour cela, tous les moyens sont bons : remplumer le score du PS en lui attribuant certaines listes, camoufler le résultat du PS dans un vaste ensemble « Union de la Gauche » allant jusqu’au Modem… Et, bien sûr, briser la représentation médiatique du Front de Gauche en minorant le nombre de listes Front de Gauche et en éclatant nos listes dans plusieurs nuances différentes : liste Front de Gauche, liste Parti de Gauche, liste Communiste, liste Divers gauche, liste d’Extrême gauche…

Une première analyse des « nuances » attribuées montre que la bidouille s’est faite de manière très grossière, dans un mélange d’amateurisme, de mauvaise foi, et de perfidie. Il en résulte une situation illisible. La perfidie du nuancier a été utilisée à plein régime. Valls utilise à tour de bras la nuance Liste « Union de la gauche » pour camoufler l’isolement du PS. Ainsi, à St Ouen, en Seine-Saint-Denis, la liste de la maire sortante Front de Gauche est « nuancée » liste « Front de gauche ». Mais la liste de division du PS qui essaie de nous ravir la ville voit sa liste « nuancée » liste d’« Union de la gauche » car elle a le soutien du PRG et EELV ! A Montauban, la liste FDG-EELV-NPA est nuancée liste « DVG » (Divers Gauche) alors que la liste PS-PRG est nuancée « LUG » (liste d’Union de la gauche) ! La centaine de listes entre le Front de Gauche ou le Parti de Gauche et Europe Ecologie est aussi passée par pertes et profits, et réduite à la seule étiquette de leur tête de liste : liste FDG à Cholet, liste VEC (Europe Ecologie) à Grenoble ou Bergerac.

Le chaos est atteint dès lors qu’il s’agit des listes du Front de gauche là où le PCF a choisi de quitter le Front de Gauche pour aller avec le PS. Pour les listes rassemblant le Parti de Gauche et Ensemble (et parfois le PCOF), on finit par croire que le classement est fixé à pile ou face. On décompte ainsi au moins trois « nuances » différentes pour des listes rassemblant exactement les mêmes partis ! D’un point de vue juridique, c’est une rupture d’égalité entre différents points du territoire national. Du point de vue politique, c’est la preuve des tripatouillages de Manuel Valls. A Paris, la liste PG-Ensemble-PCOF est nuancée liste « PG ». Mais à Clermont-Ferrand et Toulouse, nous avons obtenu gain de cause et les listes PG-Ensemble sont nuancées liste « FDG ». Par contre, à Besançon, la liste PG-Ensemble est nuancée liste « Extrême-gauche » ! Pourtant, à Besançon, la tête de liste est membre du PG, comme à Toulouse ! La bidouille et la malhonnêteté sont allées très loin. Ainsi, à Paris, les 20 listes d’arrondissements sont nuancées liste « PG » même dans les 4 arrondissements où la tête de liste est d’un autre parti, en l’occurrence Ensemble (2e, 7e, 13e, 19e arrondissement).

Des erreurs grossières ont aussi été commises. Ainsi, à Saint Denis, la liste Front de Gauche conduite par un communiste est classée « liste PG ». Mais encore à Carcassonne : la liste FDG-EELV est elle aussi « nuancée » liste « PG ». C’est une énormité à tout point de vue. D’abord parce que, selon le nuancier du ministère, elle aurait dû au moins être « nuancée » « liste Front de Gauche ». En effet, elle a été « investie par le Parti de Gauche et le Parti Communiste Français » comme l’exige le nuancier de Valls. Il est d’autant plus stupide d’avoir classé cette liste comme « « Parti de Gauche » qu’elle est conduite par… la secrétaire départementale du PCF, Amandine Carazzoni. J’ajoute qu’une liste similaire (FDG-EELV avec tête de liste PCF) est nuancée liste « FDG » à Nîmes, dans la même Région. Bravo Valls ! Le chaos est à son comble. Et personne ne dira rien. A la fainéantise médiatique habituelle s’ajoute la peur du monsieur qui écoute aux portes, sans doute.

La guerre avec le pimpant Bové

Je ne sais pourquoi, un beau jour, le pimpant José Bové a pris son baluchon de combat contre moi. D’une radio à l’autre, les micros étant toujours alléchés par l’odeur du sang, il est allé colporter que j’étais le mauvais élèves de la classe au parlement européen, produisant les statistiques du site vert et rose « votewatch » qui les modifie d’ailleurs à mesure des besoins de ses commanditaires. Dans nos rangs la consigne fut d’abord « pas de bagarre avec José Bové ». Cela en mémoire de nos luttes communes du passé pour le non au référendum de 2005 et de mon passage à son procès, de la participation des camarades aux casserolades pour obtenir sa libération. Et ainsi de suite. Funeste erreur d’appréciation.

Comme je suis allé le trouver dès la première alerte pour tâcher de revenir à des relations normales, le pimpant José Bové se senti plus fort de ce qu’il enregistra comme un signe de faiblesse. Il redoubla de malveillances et persiflages. Atteint d’un lourd syndrome de Stockholm selon ses propres amis qui raillent son nouvel enthousiasme aveuglé pour les compromis européen, Bové finit par voir en moi son seul ennemi. D’autant qu’il appartient à cette aile d’EELV qui pense, en me tapant dessus, améliorer la pitance que les socialistes servent à leurs auxiliaires. Ceux-là haïssent aussi surtout les rapprochements que l’on observe un peu partout entre Les Verts et le Parti de Gauche, voir même avec l’abominable repaire de communistes qu’est dans leurs esprits fatigués le Front de Gauche. On se mit donc en mouvement, à regret, mais méthodiquement, comme tout ce qu’entreprend mon équipe. Je dis à regret, car autant la querelle me paraît indépassable avec Cohn Bendit et sa morgue si caricaturale, autant je la croyais apaisable avec Bové. On ouvrit la tranchée et on la nourrit d’abondantes munitions, finalement plus facile à trouver qu’on le croyait d’abord.

D’abord on décrypta les vantardises du prétendu « bon élève ». Il s’avère être un cancre ordinaire dans les classements d’autres sites mystérieusement bien moins cités mais pourtant beaucoup plus complets. C’est alors que Cohn Bendit, jaloux de l’intérêt que José Bové suscitait en m’accablant, se mit de la partie à son tour avec la démesure postillonnante qu’on lui connaît. Je l’ai donc inclu dans les feux de la riposte. Quand il y en a pour un il y en a pour deux. Car de fait, Bové et Cohn Bendit c’est Dupond et Pondu au Parlement européen. Même s’il est vrai qu’injurieux, sectaire, et vociférateur, le député allemand est plus lourd et visible que le français. N’empêche que ses résultats étaient tout aussi navrant que ceux de son compère ! Il ne peut guère pavoiser dès qu’on l’observe de près. Puis les deux agités ont trouvé médiatiquement rentables de m’imputer des votes qui ne sont pas les miens. Bien sûr, nous avons démenti à mesure.

Mais chacun connaît la force de contagion de la calomnie. Nous avons donc changé de méthode. Avec le même souci de parallélisme des formes, nous avons décidé de surligner les désaccords. Et bien sûr de procéder aux mêmes types d’amalgames chaque fois que l’occasion s’en présente sur la base de faits et de votes cette fois ci bien réels. Nous en sommes là. Du coup, la douce tranquillité de ces messieurs les « meilleurs que tout le monde », donnant des leçons à tous les autres, s’est vite retournée en une saine agitation. Car leurs camarades ont pu découvrir leurs votes très étranges sur le nucléaire, la prostitution, le marché carbone et combien d’autres choses instructives. Au point que ces messieurs sont dorénavant obligés de changer leur vote quand nous en révélons la turpitude. Comme ce fut le cas pour Bové qui a dû revenir sur son abstention sur le texte « Egalité homme femme » qui a permis à la droite de le faire repousser par le Parlement.

Mais le fond de l’affaire, c’est que José Bové file un très mauvais coton. Ses votes sur maints sujets sensibles en attestent. Et son livre paru récemment souligne crument le glissement idéologique de l’ancien ami et complice. C’est à présent un « béni oui-oui » comme les autres.

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