La France qui a froid

Aujourd’hui enfin, un fléau trop ignoré est à la une. Je veux parler de la précarité énergétique. Il faut accorder ce mérite à la vingtaine d’associations mobilisées à l’occasion de la première journée nationale de lutte contre la précarité énergétique. Jusque-là les gens croient que nous exagérons en parlant de la France qui a froid. C’est pourtant un problème majeur. 12 millions de Français ont froid chez eux ou peinent à payer leurs factures. C’est-à-dire près d’un Français sur 5. Les insoumis ont donc décidé de faire quelque chose pour aider les associations et la Fondation Abbé Pierre à faire venir le thème sur la scène. Car tout s’aggrave à présent. Cela est directement lié à la flambée des prix de l’énergie et à l’appauvrissement général du pays provoqué par Emmanuel Macron. Nous avons donc déposé le jour même une proposition de loi reprenant l’essentiel de ce que demandent les associations. Et je me suis rendu à Bron près de Lyon dans un secteur très emblématique. Merci aux médias qui m’ont accompagné et forcés le mur de l’indifférence avec moi.

La misère dorénavant est partout. Le 10 du mois, il reste 55 euros dans la poche de la moitié des Français. Ensuite, il faut tenir coûte que coûte jusqu’au versement du prochain revenu. On comprend alors pourquoi 60% des Français baissent le chauffage en dessous du niveau de confort. Désormais, ce phénomène touche aussi les plus jeunes. Ainsi, la moitié des 18-34 ans ont des difficultés à payer les factures de gaz ou d’électricité. Le mauvais état des logements y est aussi pour beaucoup. En effet, on, compte 5 millions de passoires thermiques dans le pays, soit une résidence principale sur 6.

Dans ce contexte, en 2019, près de 300 000 foyers ont subi une coupure d’électricité ou une réduction de puissance en raison de factures impayées. En comptant les coupures de gaz, il y a eu au total plus de 670 000 interventions en 2019. Sachons-le : bien que les coupures soient en théorie interdites durant la trêve hivernale les réductions de puissance conduisent tout de même les personnes concernées à faire des choix cruels. Il faut choisir entre la lumière, le chauffage, la machine à laver ou bien de quoi faire fonctionner l’ordinateur pour trouver du boulot ! Pour tous ceux qui les subissent, c’est une profonde source d’angoisse et un quotidien au seuil de l’insupportable.

Mais aligner les chiffres et les grands mots ne suffit pas. Trop souvent, ils cachent des situations très dures de souffrance humaine qui devraient être exposées au grand jour pour forcer les puissants à agir. Voilà pourquoi j’ai décidé d’aller à Bron, dans la métropole de Lyon, pour faire venir la lumière des médias sur ceux dont la précarité énergétique est un quotidien. Là-bas, le taux de pauvreté et de chômage surpasse de loin la moyenne nationale. On imagine donc combien la hausse des prix de l’énergie comme de l’alimentation est un enjeu vital pour la plupart des habitants.

Le grand ensemble «UC Parilly» à Bron est une des plus grandes cités françaises du 20e siècle. C’était surtout un modèle du genre. À l’époque, il s’agissait de loger très vite des millions de gens. C’était une prouesse de faire jaillir de terre en moins de 10 ans de gigantesques paquebots de béton pouvant accueillir 2 600 familles. Et avec tout le confort moderne ! La vitesse de construction s’explique par des procédés révolutionnaires pour l’époque : chaque appartement reproduisait un plan type aux dimensions standardisées. Les éléments étaient fabriqués en usine et ensuite assemblés sur le chantier.

Évidemment, les normes d’isolation thermique et phonique n’étaient pas celles d’aujourd’hui. Certains bâtiments contiennent aussi de l’amiante, dont la dangerosité n’était pas encore un sujet grand public. Entre temps, le périphérique et son cortège de pollutions, y compris sonore, est arrivé. Quel rapport avec la précarité énergétique me direz-vous ? Et bien il ne s’agit pas seulement d’avoir très froid… mais aussi d’avoir trop chaud l’été. Les habitants doivent choisir : supporter le bruit pour trouver un peu d’air frais, ou bien mourir de chaud en silence.

Faute d’investissements suffisants pour les rénover, les habitants vivent aujourd’hui un calvaire. Certains payent 70€ par mois de chauffage, soit 840€ à l’année. Ce n’est pas une petite somme quand on a des revenus très faibles ! Pourtant, ils ont dû attendre le 6 novembre pour que le bailleur daigne allumer le chauffage central. Parfois, il n’y a plus d’eau chaude ni de chauffage. La raison ? Des travaux en plein hiver ! Pas très malin. Surtout, le froid est partout. Pour s’isoler du froid, les habitants intercalent des bouteilles remplies de terre et des cartons.

Les habitants sont gênés de nous faire visiter. Pourtant, la honte devrait plutôt se trouver du côté de ceux qui n’agissent pas. Macron n’a fait qu’empirer les choses. Il a coupé 1,5 milliard d’euros dans le budget des organismes HLM. Moins d’argent c’est moins de programmes de rénovation entrepris. En conséquence, au rythme actuel, il faudrait 50 ans pour éradiquer toutes les passoires thermiques et rénover aux normes les plus ambitieuses. Moins d’argent, c’est aussi moins de construction de logements sociaux neufs pour reloger les habitants. La métropole de Lyon n’échappe pas au problème. En 2020, il y a eu 10 fois plus de demandes sur la métropole que de logements attribués.

Ainsi, on voit combien l’énergie est plus que jamais un bien de première nécessité. Voilà pourquoi j’ai déposé avec les députés insoumis une proposition de loi visant à « abolir les coupures et garantir un droit d’accès inconditionnel à l’énergie. » Elle relaie la proposition d’intérêt général des associations mobilisées en cette journée particulière. Si je suis élu, la lutte contre la précarité énergétique sera un chantier prioritaire. Les coupures seront interdites et les réductions de puissance limitées. Les quantités vitales d’énergie seront gratuites. Pour reloger les habitants, nous réquisitionnerons le million de logements vacants depuis plus de 6 mois. Nous rénoverons 700 000 logements par an. J’entends déjà ceux qui s’inquiètent du coût. Les principaux fournisseurs d’énergie ont fait 13 milliards de bénéfice au premier semestre 2021. Ils peuvent donc être mis à contribution. Ça va chauffer !

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