Derrière chacune des mesures avancées par Macron, il y a une arnaque. Il annule, dit-il, la hausse de la CSG pour les retraités qui ont une pension inférieure à 2000 euros par mois. Mais, pour eux comme pour tous les retraités, leur retraite augmentera à un rythme inférieur à l’inflation en 2019. Ce qui signifie concrètement une perte de pouvoir d’achat de 180 euros sur l’année pour une pension moyenne. Quant à la baisse de la CSG, l’histoire récente a appris à ne pas faire confiance aux seuils annoncés par le pouvoir. Déjà, les retraités touchant moins de 1200 euros de pension n’étaient pas censés être affectés par la hausse. Mais beaucoup l’ont été car leur CSG était calculée en fonction des revenus du foyer. Cette fois encore, les miettes lâchées par Macron ne concerneront donc pas tous les retraités à moins de 2000 euros.
Il a annoncé une hausse de Smic de 100 euros « sans qu’il en coute un euro de plus aux employeurs » ce qui est évidemment impossible. Et pour cause, c’est un mensonge. Le salaire minimum n’augmentera pas plus que le minimum prévu par la loi au 1er janvier 2019. C’est la prime d’activité, une allocation, qui augmentera. Cette augmentation était prévue pour être étalée sur 3 ans, elle se fera maintenant d’un seul coup. Ce qui signifie qu’à partir de 2020, elle stagnera. Et si les employeurs ne sortiront pas « un euro de plus », c’est bien parce que ce sont les contribuables qui vont payer. Contrairement à une vraie augmentation du Smic, il n’y aura pas d’effet d’entrainement sur tous les salaires. Il est ensuite ahurissant d’entendre le Premier ministre dire que cela prouve que le travail doit payer. De fait il ne paye pas. C’est l’impôt qui le paye. Et comme le capital ne donne rien, on comprend que c’est la part de travail gratuit qui s’accroit au profit de l’actionnaire. Par ailleurs, l’augmentation de la prime d’activité sera concentrée autour des salaires du niveau d’un Smic à temps plein. Les smicards à temps partiel, c’est-à-dire 43% d’entre eux en bénéficieront peu, voire pas du tout. Enfin, précisons que cette prestation n’est pas soumise à cotisations sociale. Ces 100 euros de plus n’entreront pas dans le calcul de la retraite.
Il n’y aura plus d’impôt ni de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Pour les cotisations sociales, c’était déjà prévu par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019. L’exonération d’impôt, on l’a déjà expérimentée sous Sarkozy. Le résultat fut la destruction de 30 000 emplois entre 2007 et 2012 d’après l’OFCE. Surtout, Macron se livre ici à un jeu de dupe. En effet, dans ses ordonnances sur le code du travail, il a permis que l’on baisse, par accord d’entreprise, la rémunération des heures supplémentaire jusqu’à seulement 10% de majoration. Une baisse de salaire qui va donc maintenant être en partie compensée par les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.
La prime de fin d’année qu’il a proposée est aussi un trompe l’œil. De nombreuses entreprises versent déjà des primes de fin d’année. Cette année, Macron leur a appris qu’elles ne payeront pas d’impôts et de cotisations dessus. Comme cette prime est facultative, les entreprises qui n’avaient pas prévu de verser de prime n’en verseront toujours pas. Il s’agit donc essentiellement d’un cadeau aux actionnaires, pas d’une mesure de pouvoir d’achat pour les salariés.
En faisant ce tour d’horizon on ne doit pas perdre de vue l’essentiel : la plus grande partie de la population n’est pas concernée par le prétendu « tournant social » de Macron. Et surtout les populations les plus démunies. En effet, les chômeurs ne verront pas leur situation changer et ce malgré le fait que la moitié d’entre eux ne bénéficient déjà pas d’indemnités. Les salariés à temps partiel sont aussi oubliés. À 80% ce sont des femmes qui, à travail égal, gagnent un salaire inférieur à celui que gagnerait un homme. Mais l’égalité salariale n’était pas au menu du Président non plus. La jeunesse scolarisée, fortement mobilisée, n’a reçu aucune réponse de la part du Président. Enfin, aucune des mesures annoncées ne concerne non plus les fonctionnaires qui voient leurs salaires stagner depuis 2010 du fait du gel du point d’indice.
Par contre , les actionnaires et les riches sont toujours aussi bien protégés. Leur Président n’a rien annoncé qui puisse leur faire mettre la main à la poche pour financer la solidarité avec le reste de la population. Le rétablissement de l’ISF est toujours exclu. Macron a continué à défendre sa suppression sur la base des arguments fallacieux de l’économie de ruissellement. Le CICE, qui va couter 40 milliards d’euros aux finances publiques en pure perte en 2019, est également maintenu.
Au final, on se retrouve avec un trou de 10 milliards d’euros dans le budget pour l’année. On sait que ceux qui ont le plus ne financeront pas ce déficit. Ce que Macron donne d’une main, il va donc devoir le reprendre, soit par des hausses de taxes, soit par de nouvelles coupes dans les services publics. Les causes pour lesquelles les gens sont sur les barrages vont donc être accentuées. Pour mettre en place une politique au service du peuple, il n’y a pas d’autre chemin que celui de la justice sociale et fiscale, que de faire payer ceux qui se gavent.